Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

écriture ludique - Page 5

  • HEXÆMERON

    (parenthèse cosmique)

    L'orage passé, la terre et ses humeurs
    le ciel intimidé quoique propre ose peu
    l'arbre pleure
      dans un presque silence
      des larmes de géant s'écrasent à ses pieds
    la fraîcheur appelle tout à elle
      le feu même a des ailes pour la rejoindre
      notre feu étendu
      dans sa force nouvelle nos corps détendus
    la chambre tremble à nouveau, mais c'est de frissonner
      avec toute la terre et le ciel et le vent
      le vent qui fait danser les cheveux du géant
      hilare maintenant

    dragon1.jpgUn cortège se forme
      la nuit au bout et nous devant
    se met en branle
    entraîne ce qu'il touche
      ce qu'il croise
        ce qu'il déniche sous les ardoises
           dans ses poches vides
    d'un mouvement limpide et gai
    fluide sang frais

    tout ce qui a de l'esprit se ressemble
      se reconnaît dans ce dragon
      y loge des lampions que le fleuve a rendu
      et des mots feuille d'or
      aussi des calligrammes
    et c'est la fête du monde

    c'est la fête du monde en un mot, à l'instant
    craché haut dans le ciel comme un œuf blanc
    qui se brise
    et tout le chaos s'électrise
    dans une pluie nouvelle
    où somatise à tire d'ailes
    le vol planant du dragon dans le ciel

    Je t'offre un des bris de coquille et tu le manges
    Tu m'offres un bris de coquille et je le mange
      et notre malheur est étrange
      il est d'avoir conscience des anges
      en un mot, à l'instant

    Maintenant sur notre lit
    entre nos corps éblouis
    une ombre a passé l'éponge
      la fraîche paix d'un songe investit
      la place d'un feu nourri et l'apaise
      en soufflant doucement sur la braise
    à fleur de mots

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki#55

  • chanson d'automne

    (chanson de genre tsoin-tsoin)
    feuille-morte.jpg

    Les feuilles mortes, mortes, mortes
    'faut que j'en sorte, sorte, sorte
    avant de prendre un coup de pelle
    un coup de trop dans la cervelle
    ou que me pousse un champignon
    là, sur le front

    Les ciels d'automne, tonnent, tonnent
    qu'on leur pardonne, donne, donne
    d'être si longs que cramoisis
    crème framboise sous le gris
    éclaboussant - courbé le dos,
    tous les manteaux

    Ah, c'est pas des façons de vivre
    pas des manières à suivre
    d'écouter aux portes les cuivres
    qu'on frotte au chiffon à salive
    tristesse
    langueur
    et le goût pour le Mahler

    Les vagues longues, longues, longues
    de ce love song, song, song
    au vrai me cassent les oreilles
    cure ou Satie, c'est tout pareil
    une froide tasse de thé
    endimanchée

    Les cartes lentes, lentes, lentes
    de la patiente, chiante, chiante
    c'est du rêve que l'on oublie
    la vie qui ne fait pas un pli
    qui s'arrange l'inéluctable
    dessus la table

    Oh, c'est trop de peine à souffrir
    trop de rengaine à gémir
    que ces violons, que ces pianos
    et tout l'ennui de nos marmots
    soupirs
    murmures
    et le goût déconfiture

    C'est l'heure hélas, lasse, lasse
    où tout s'efface, face, face
    les chants qu'on aurait chanté mieux
    si l'on n'avait baissé les yeux
    les yeux qui perdent leur été
    dans le foyer

    Les feuilles mortes, mortes, mortes
    'faut que j'en sorte, sorte, sorte
    avant de prendre un coup de pelle
    un coup de trop dans la cervelle
    ou que me pousse un champignon
    là, sur le front

    Ennui_1914, by Walter Richard Sickert.jpg

    illustration : Ennui, Walter Sickert - 1914.
    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK - tiki#54

    et maintenant, en musique ?

     

     

  • fractales

    (ma ration d'obtus ?)

     

    noir
    obturateur_actus.jpg
    au boulier des sourires niais
    des chapeaux en chapelets
    camaïeu de linges légers
    le toutim en espalier
     noir
     enfin, je quitte mon pied

    noir
    est-ce un magma de cheveux roux ?
    dans l'arbre un dernier vent d'août ?
    la dérobade d'un matou ?
    intension floue ?
     noir
     je m'en frotte l'étui, pour le coup

    noir
    le calme roule des collines
    douces flanquées d'une ombre fine
    au tétin repose, enfantine
    la pâle mine
     noir
     il fait chaud dans ma chambre noire

    noir
    obturateur_optimo.jpgrond et lisse comme une pomme
    songeant le monde entier en somme
    si près d'entrer en son barnum
    un petit-d'homme
     noir
     je change d'objectif

    noir
    verte lèvre rocailleuse
    l'alpage aux courbes généreuses
    dans le bleu sempiternel
    d'un lac-en-ciel
    noir

    noir
    lumignons qui sarabandent
    orangeade de guirlandes
    par le bourg
    au pied d'un géant sourd
    noir

    noir
    obturateur_ilex.jpgla grisaille mitraille
    méthodique pagaille
    une pluie où se noient
    les jardins et les bois
    noir

    noir
    voiles à l'épandage
    absence d'un visage
    l'éther au goût amer
    où meurent les prières
    noir

    noir
    absorbé l'éphémère
    je garde toute lumière

    noir
    je vous laisse développer
    (et mettre au présent le passé)

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki #53
     

    50BRIT1.JPG
  • L'invitation au bal

    dessin-bal.gif

    Si nous dansions un peu plutôt que tout se dire ?
    la musique des corps parle autant que la bouche
    s’il se peut que cet air te fasse moins farouche
    nous nous dirons bientôt comment mieux nous conduire
    empoignons ce ballet !

    Vois que pour te saisir j’y mets de l’élégance
    quelque souplesse même et beaucoup d’attentions
    et ne porterai pas la main à ton giron
    que nous n’ayons compris au fond de cette danse
    ce que le menu est…

    Voilà, c’est mieux déjà le rythme nous embarque
    une harmonie s’installe et nous prend par la main
    déjà tout se dévoile empruntant le chemin
    par où nous saurons bien imprimer notre marque
    - un signe déjà, va…

    Entends-tu ? cette fête sonore est la nôtre
    ce tempo est le nôtre et nous le maîtrisons
    en chantant à tue-tête en-dessous des lampions
    qui tombent à nos pieds, puis dans l’herbe se vautrent
    même si c’est sale, ça !

    Nous n’irons pas au ciel, c’est le ciel qui descend
    nous couvre de son miel et d’un souffle plus frais
    que nos haleines pleines de nos envolées
    orchestrant des nuées que nous envie l’encens
    (dont le capot est rat)

    Que n’avons-nous appris d’essentiel à nos yeux ?
    maintenant qu’on rajuste un corsage, une veste
    dis-moi ce qui pourrait bien nous laisser en reste
    et quel savant discours nous rendrait plus heureux
    Bal.jpgque ce sol qui tangue ? Oh !...

    …mais tu en redemandes
    voilà qui est nouveau…

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

  • lessivé

    Je vais tout oublier, alors je fais des nœuds
    à ces vieux draps mouillés empilés sur mes yeux
    que j'ai laissé traîner tout près de la cuisine
    dans la petite cour où les tâches bassinent
    au quotidien les jours

    J'ai la mémoire humide et son linge glissant
    bruine et dégouline et dégoutte du sang
    tout le flux des corvées qui n'ont jamais fini
    de vouloir attacher nos gestes à nos dits
    l'aujourd'hui à l'hier

    Je ne sais plus trouver les pinces sur le fil
    et mes frêles pensées s'y tiennent malhabiles
    car le vent de la nuit a forci au matin
    - le soleil de midi n'empêchera sa main
    de foutre la pagaille

    Alors, je fais des nœuds ma dernière défense
    et je plisse les yeux dans la vive brillance
    - la si propre blancheur qu'ont les peaux maladives,
    des longs draps étendus pour la grande lessive

    Les nœuds du drap mouillé sont plus durs à défaire
    de là, je reconnais préserver le mystère
    des miennes taches ménagères.

    lessive.jpg

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki #52